Le président Abdelmadjid Tebboune, a décidé de mener tambour battant la création des zones franches entre l’Algérie, la Mauritanie, la Tunisie, la Libye, le Mali et le Niger. Une semaine après l’annonce officielle Tebboune a présidé le mardi 20 février 2024 une réunion de travail.
Mais pour le moment Alger se contentera de la zone franche entre Tindouf et la Mauritanie, un dossier qu’Alger évoque depuis juillet 2023. Pourquoi les échanges économiques avec ce pays voisin sont une priorité absolue pour l’Algérie ? Pour de très bonnes raisons…
L’énorme gâteau du gaz et des ressources minières
En effet la Mauritanie passera d’une croissance de 5,1% en 2024 à 14,3% l’an prochain, le meilleur taux du continent africain d’après les dernières prévisions du FMI (Fonds monétaire international).
A quoi Nouakchott devra ce saut phénoménal ? A un gros gisement de gaz découvert à la frontière maritime avec le Sénégal et que les deux pays partagent à parts égales. Mais il y a surtout le gisement de Bir Allah dont les réserves sont évaluées à 80 000 milliards de pieds cubes, et cette fois la Mauritanie ne partagera avec personne.
Alors un pays qui aura toutes ces ressources financières sans parler du sous-sol gorgé de richesses minières qui n’ont quasiment pas été touchées, un pays de 1 030 700 km² qui manque de tout et où tout est à faire, évidemment le frère algérien ne peut pas laisser filer ça.
Le chef de l’Etat algérien a bien raison de souligner la nécessité de doper les investissements et le commerce entre les deux nations pour profiter des innombrables opportunités.
Lors de la réunion de travail le doigt a été mis sur l’énorme potentiel de ce dossier en termes de création d’emplois, de développement économique, de facteurs de dynamisation du PIB national. Et l’Algérie, qui s’est orientée vers une politique volontariste d’exportation hors hydrocarbures, a une belle carte à jouer.
Le gouvernement a pris l’engagement d’accompagner les initiatives en direction de la Mauritanie et des autres pays de la région, notamment les PME, dit le communiqué de la présidence de la République.
Alger a tiré le premier mais Rabat frappe un grand coup
Rappelons que dès mars 2022 l’Algérie s’est lancée dans la création d’une ligne maritime avec la Mauritanie. Il y a donc de solides jalons déjà posés. Sauf qu’Alger n’est pas seul sur le coup, il y a aussi le Maroc.
Le royaume lorgne les possibilités infinies qu’offrira la Mauritanie. Pas plus tard que le 22 janvier dernier le chef de la diplomatie mauritanienne, Mohamed Salem Ould Marzouk, était à Rabat, reçu en grande pompe par son homologue marocain Nasser Bourita.
Et ce dernier avait déclaré ceci : la Mauritanie est “une partie essentielle de l’initiative atlantique royale (…). Les relations progressent positivement, et aujourd’hui la volonté et l’ambition du Maroc sont que ces relations continuent sur cette trajectoire avec une forte empreinte” , a martelé le ministre marocain…
Le Maroc est le premier partenaire de la Mauritanie en Afrique, et nous avons l’ambition de promouvoir cette coopération à l’avenir (…). Le Maroc n’a pas de partenariat aussi fort que celui avec la Mauritanie”.
Et en ce moment même une délégation de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) est à Nouakchott pour une mission d’affaires. «Cette mission vise à promouvoir les relations économiques et commerciales entre le Maroc et la Mauritanie, particulièrement dans les secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de la pêche, des énergies renouvelables, du tourisme, de l’industrie et du commerce», a indiqué la CGEM dans son communiqué.
Tout cela pour dire que le Maroc aussi a la ferme intention de disputer les premières places pour avoir sa part dans ce gâteau qu’est la Mauritanie. Tout cela promet de belles empoignades avec le frère ennemi, l’Algérie. Une compétition féroce qui in fine fera les affaires des entreprises deux pays car il y aura de la place pour tout le monde avec tous ces chantiers…
Par Souleymane Loum