La Mauritanie affiche ses ambitions économiques. Alors que l'exploitation du gaz au large des côtes mauritaniennes, conjointement avec le Sénégal doit débuter dans douze mois, le pays se met en ordre de bataille pour attirer les investisseurs.
Comment se préparer à être une puissance gazière ? Voilà le défi auquel sont confrontées les autorités mauritaniennes, alors que d'ici 12 à 18 mois, les premiers mètres cubes de gaz sortiront du plateau maritime sénégalo-mauritanien.
Pour Ousmane Mamadou Kane, le ministre des Affaires économiques et de la promotion du secteur productif, l'argent du gaz devra d'abord servir à moderniser le pays.
« Le gaz va venir, Inch Allah... L'économie ne sera pas nécessairement irriguée par un nouveau tissu économique, mais par contre ce qui est attendu, c'est d'abord l'injection de beaucoup de ressources au Trésor et à la Banque centrale, qui permettront de faire face à d'énormes besoins d'éducation de base, d'infrastructures routières, d'eau, d'assainissement et d'énergie, dont le pays à besoin. »
Attirer les investisseurs
Ces perspectives devraient attirer les investisseurs et permettre à la Mauritanie de diversifier son économie, aujourd'hui principalement axée sur les mines et l'agriculture. Pour ce faire, Nouakchott a créé il y a quelques mois une Agence de promotion des investissements sur le modèle de ses voisins.
Aïssata Lam, sa directrice générale, parie sur la stabilité du cadre juridique mauritanien pour convaincre les entreprises étrangères.
« Ce qui va attirer les investisseurs, ce n'est pas forcément plus d'incitatifs fiscaux.Aujourd'hui, ce que recherche un investisseur, c'est la prévisibilité. Que ce soit en matière d'impôt ou de lois. Et nous pensons qu'il est important de rassurer, c'est ce que nous nous efforçons de faire. Et je pense que pour tout investisseur qui a envie de ne pas rater le train, c'est le moment de venir ! »
Mais un manque de mécanismes de financement pour les PME
Reste que tout n'est pas rose, et l'économie mauritanienne souffre d'un manque de mécanismes de financement, notamment pour les PME, explique Lalya Kamara, qui dirige Sahelinvest, premier fond d'investissement privé en Mauritanie.
« Nous avons dix-huit banques dont quinze sont à 100 % à capitaux mauritaniens. Ce qui nous fait un tissu bancaire très développé, mais malheureusement l'adéquation entre les ressources courtes et les besoins d'investissements longs ne s'est pas encore fait. Donc, il n'y a pas eu de développement du crédit pour les PME comme il aurait dû être fait. C'est pourquoi, pour moi, la solution du “private equity” est une solution adaptée au tissu économique local.»
En terme d'attractivité, la Mauritanie a encore beaucoup de progrès à faire. Le pays est classé 152e sur 190 par la Banque mondiale pour la facilité d'y faire des affaires.
Par : Olivier Rogez