Un possible embargo occidental sur le pétrole russe faisait de nouveau flamber les prix de l'or noir lundi et provoquait la chute des marchés boursiers qui craignent un ralentissement de l'économie mondiale.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord a frôlé les 140 dollars dimanche soir, proche de son record absolu de 147,50 dollars datant de juillet 2008.
Après des chutes de 4% à 6% vendredi, les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge de nouveau. Vers 08H50 GMT, Francfort lâchait 4,48%, Paris 4,25%, Milan 5,28% et la place de Londres, qui est plus résiliente depuis le début de cette crise, perdait 2,42%.
La Bourse de Tokyo a clôturé en baisse de 2,94% à son plus bas niveau depuis novembre 2020, celle de Shanghai à -2,17%. Les pertes à Hong Kong étaient encore pires : -3,87%.
À l'inverse les valeurs refuge sont recherchées : le prix de l'or a brièvement dépassé les 2.000 dollars l'once, une première depuis août 2020, et le dollar gagnait 0,66% face à l'euro.
Face à l'aggravation de la guerre en Ukraine, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a déclaré dimanche que les États-Unis et l'Union européenne discutaient "très activement" de la possibilité d'interdire les importations de pétrole russe.
Les Européens sont toutefois plus prudents, certains États de la région comme l'Allemagne dépendant étroitement du pétrole et du gaz russes.
Mais même si l'or noir de Moscou n'est pas directement sanctionné pour l'instant en théorie, il ne trouve déjà quasiment plus preneur, ce qui perturbe sérieusement l'offre mondiale.
"À moins d'une fin des hostilités, il n'y a pas grand-chose à l'horizon pour ralentir" la montée des cours du pétrole, selon une note de la National Australia Bank publiée lundi.
"La hausse prolongée des prix du pétrole et des matières premières va probablement amener les économies européennes à rationner la consommation et va peser sur la reprise économique et les bénéfices des entreprises en 2022", estime Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque Swissquote.
Vers 08H45 GMT, le baril de pétrole WTI américain bondissait de 7,45% à 124,29 dollars et le prix du baril de Brent de la mer du Nord s'envolait de 7,86% à 127,41 dollars.
Les prix du gaz s'enflammaient également, son cours européen bondissant de 60% à plus de 300 euros le mégawattheure.
Aluminium et cuivre au plus haut
Une escalade du conflit en Ukraine aurait des conséquences économiques "dévastatrices" au niveau mondial, a prévenu samedi le Fonds monétaire international (FMI).
Outre le conflit lui-même, les sanctions imposées à la Russie "auront aussi un impact substantiel sur l'économie mondiale et les marchés financiers, avec des effets collatéraux pour d'autres pays", selon le FMI.
"Alors que les perspectives de croissance économique se sont assombries, le tableau de l'inflation est encore pire, car les prix de l'énergie et des matières premières agricoles ont grimpé en flèche depuis le début de l'année, et ce cocktail toxique pose un énorme problème aux banques centrales", estime Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.
Les prix des métaux continuaient en effet aussi de monter : l'aluminium a dépassé pour la première fois la barre des 4.000 dollars la tonne et le cuivre a atteint un nouveau plus haut historique à 10.845 dollars la tonne.
Dans ce contexte, les investisseurs scruteront jeudi l'indice des prix à la consommation aux États-Unis en février et prêteront une grande attention aux conclusions de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européennes (BCE) le même jour.
Or et dollar se renforcent
Après avoir dépassé les 2.000 dollars l'once, une première depuis août 2020, l'or s'échangeait à 1.997 dollars l'once (+1,36%) vers 08h45 GMT.
Sur le marché des devises, l'euro se repliait fortement face au dollar, tombant à 1,0867 dollar (-0,56%).
Les entreprises les plus exposées pénalisées
Vers 08H35 GMT, à la Bourse de Paris, Alstom, qui détient une participation de 20% dans le constructeur ferroviaire russe Transmashholding, chutait de 12,45%. Les constructeurs automobiles Renault (-7,83%) et Stellantis (-10,05%) qui exploitent des usines en Russie étaient également pénalisés.
À Francfort, Uniper, qui participait à la construction du gazoduc Nord Stream 2, cédait 10,90%.
Les bancaires dégringolaient : Société Générale lâchait 10,19%, Commerzbank 11,93%, Deutsche Bank 10,32%, ou encore Unicredit qui perdait 11,67%.
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Par Juliette VIRLOBE, avec Etienne BALMER à Tokyo
AFP