Alors que le Burkina Faso vient d’annoncer la construction de sa première raffinerie d’or, un nouveau rapport de l’office des Nations unies contre la drogue et le crime met en garde contre l’expansion du trafic illicite d’or au Sahel.
À la fois véritable manque à gagner pour les ressources étatiques du Burkina, du Tchad, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, et sources de financement de groupes armés dans la région. Premier constat : l’exploitation de l’or au Burkina Faso et au Mali a explosé ces dix dernières années.
Elle a plus que doublé, avec 102 tonnes produites en 2021 au Burkina Faso faisant de ce pays le 3ᵉ producteur d’or du continent suivi de près par le Mali. Des chiffres largement sous-estimés, selon les spécialistes, car ils ne prennent pas en compte la production sous contrôle des groupes armés, dans le nord du Mali notamment.
Une manne financière gigantesque qui a atteint 12,6 milliards de dollars en 2021 pour les 4 pays : Burkina, Mali, Mauritanie et Niger. Et un employeur potentiel important. Un peu plus de 8 millions de personnes travaillent déjà dans les mines au Sahel, selon l’agence onusienne. Mais tout ce potentiel moteur de développement risque de se voir siphonné, si les pays du Sahel n’arrivent pas à mieux encadrer le secteur artisanal et informel.
Pour preuve : la différence entre ce que le Mali déclare exporter aux Émirats arabes unis - 500 tonnes en 2019 - et ce que ce pays dit importer de ce même pays. Près de 81 000 tonnes en 2019, soit 160 fois plus.
L’office onusien contre la drogue et le crime appelle donc ces états à augmenter l’accès aux licences d’exploitation minière et réglementer le secteur, pour éviter que les creuseurs artisanaux ne finissent par vendre leur or à des groupes armés ou des trafiquants, faute d’opportunités avec l’État.
Avec notre correspondante à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff