Depuis 2016, l’or a pris une place fondamentale dans les exportations du pays. En 2021, à elle seule, la filière aurifère a généré environ 780 millions de dollars (près d’un tiers des exportations).
Sur ce total, les revenus des exploitations minières à petite échelle (EMAPE), les orpailleurs, n’ont généré qu’autour de 150 millions de dollars de revenus. Le gouvernement mauritanien, notamment pour des raisons socio-politiques, persiste cependant à encourager le développement de l’orpaillage artisanal.
Pourtant, la pratique est limitée en termes d’efficacité opérationnelle (exploitation sommaire des gisements) et de retombées fiscales (70% de perte vers le marché noir).
Kinross : une force de frappe internationale
L’entreprise multinationale Canadienne est devenue en quelques années un pilier de l’économie mauritanienne. Kinross contribue à près 3 500 emplois directs en Mauritanie et constitue de ce fait l’un des principaux employeurs du pays.
En cumulé depuis le début de son activité, le groupe a permis de verser plus d’un demi-milliard de dollars de salaires dans le pays. Pour rappel, près de 97% des employés du groupe sont mauritaniens.
La nature transnationale du groupe lui permet de disposer d’une certaine stabilité financière qui permet notamment d’absorber de potentielles ruptures de charge. Ainsi, Kinross, après l’incendie de son broyeur, en juin 2021, a été contrainte de suspendre ses activités.
Or, l’entreprise n’a procédé à aucun licenciement de main d’œuvre. On mesure l’effort considérable à l’examen du coût de l’arrêt, et de réparation de la mine, de l’ordre d’un million de dollars par jour : une politique qui se serait avérée impossible sans les sources de financement géographiquement diversifiées du groupe.
Les limites du modèle gouvernemental
Les bénéfices retirés par la présence d’un opérateur international stable plaident donc en faveur d’un accroissement des investissements étrangers. Un fait confirmé par les difficultés rencontrées récemment par la société minière publique : la SNIM.
Dès lors, la volonté du gouvernement de développer ses EMAPE présentent des risques. Si les EMAPE permettent de dégager rapidement des revenus, ils impliquent aussi l’émergence d’un marché noir en parallèle.
Actuellement, ce sont près de 300 millions de dollars qui auraient échappé aux caisses de l’État. Cela sans compter l’impact environnemental dû aux rejets de mercure.
La politique minière du gouvernement mériterait donc d’être repensée vers un modèle privilégiant plus les grandes mines et l’investissement international. Il ne s’agirait d’ailleurs pas d’un cas isolé. Actuellement la Côte d’ivoire mène une politique active de lutte contre l’orpaillage.
Cette politique, qui remonte déjà à quelques années, a en partie contribué à l’installation de grands opérateurs miniers tels que Roxgold à Séguela (lancement en 2022), Perseus Mining à Yaouré (lancement cette année). D’autres prévoient l’augmentation de leur production tel que Barrick Gold à Tongon.
Ben Abdalla