La production mondiale de minerai de fer devrait s’accélérer entre 2022 et 2026 : quel sera le rôle de l’Afrique ? (agenceecofin.com)
Le minerai de fer a été le produit minier le plus performant sur les marchés en 2020 alors que l’économie mondiale était frappée par la pandémie de Covid-19. Tandis que le secteur vit depuis au gré de hauts et de bas, quelle place l’Afrique occupera-t-elle dans le futur de cette matière première ? Entre 2022 et 2026, le monde devrait produire beaucoup plus de minerai de fer que par rapport aux cinq dernières années où la production a stagné. C’est ce que prédit la firme de recherche Fitch Solutions qui s’attend à ce que les volumes produits augmentent en moyenne de 2,7 % sur la période pour atteindre 361 millions de tonnes en 2026.
Selon les détails relayés la semaine dernière par Mining Weekly, la hausse de la production sera portée par le Brésil, où Vale veut mettre en œuvre des plans agressifs d’extension de capacités, et l’Australie, où trois géants (BHP, Rio Tinto et Fortescue) cherchent aussi à augmenter leurs volumes. La production chinoise va aussi augmenter sur les trois ou quatre prochaines années alors que le pays veut réduire sa dépendance vis-à-vis de l’offre australienne.
Quel impact sur les prix ?
Les prix du minerai de fer étaient en hausse de 2020 jusqu’à la première partie de l’année 2021, portés par la forte demande des aciéries chinoises, poussant plusieurs producteurs à relancer les plans d’extension de capacités et d’autres à accélérer le développement de nouveaux projets. Si le cours a atteint 203 dollars la tonne en mai 2021, des mesures prises en Chine ont freiné cette hausse vers la fin de l’année. Quand le conflit entre la Russie et l’Ukraine a éclaté, les prix sont repartis à la hausse en raison des craintes du marché de ne plus pouvoir compter sur les 70 millions de tonnes de minerai de fer que les deux pays exportent annuellement.
Selon Fitch, la hausse de la production sur les cinq prochaines années va faire baisser les prix, car le niveau de l’offre devrait dépasser celui de la demande. Cette situation finira par freiner les taux de production vers la fin de la décennie, l’agence prédisant un taux de croissance annuel moyen de la production de 1,1 % entre 2026 et 2030.
Quel rôle jouera l’Afrique ?
Les trois principaux pays producteurs de minerai de fer en Afrique sont pour le moment l’Afrique du Sud, la Mauritanie et le Liberia. La Mauritanie et le Liberia cherchent à mieux se positionner sur le marché. Alors que sa production annuelle oscille entre 12 et 13 millions de tonnes actuellement, la Mauritanie et sa société la SNIM ont dévoilé un plan ambitieux visant à doubler ce chiffre à l’horizon 2026. Quant au Liberia, il a signé en septembre 2021 un nouvel accord de 25 ans avec ArcelorMittal, qui devrait entrainer une augmentation de ses volumes de production.
En Guinée, l’incertitude prévaut toujours quant au respect du calendrier de développement des projets de fer (tous les blocs de Simandou, Mont Nimba) en raison du contexte politique. Au Gabon, la compagnie australienne Fortescue Metals est arrivée fin 2021 sur le projet Belinga sur lequel l’Etat fonde de grands espoirs, alors que Genmin Limited accélère les travaux sur son projet Baniaka où les ressources minérales totalisent désormais 700 millions de tonnes titrant 39 % de fer. Enfin, au Cameroun, si le projet Mbalam a longtemps défrayé la chronique en raison des échecs répétés, c’est le gisement de Lobé à Kribi qui fait couler beaucoup d’encre depuis la conclusion par l’Etat d’une convention minière avec Sinosteel.
Louis-Nino Kansoun