Au premier semestre, le minerai de fer a battu des records de prix, porté par la forte demande des aciéries chinoises. Depuis quelques mois néanmoins, Pékin a mis en place des mesures pour freiner cette hausse et réduire aussi ses émissions de gaz à effet de serre.
Le minerai de fer pour livraison en octobre est tombé à 90 $ la tonne lundi 20 septembre sur la bourse de Singapour, son plus bas niveau depuis plus d’un an. La matière première poursuit ainsi une tendance baissière démarrée il y a quelques mois, avec une baisse de plus de 120 % par rapport au sommet de 203 $ la tonne atteint en mai dernier.
Si la Chine a déjà été le principal moteur du rallye du fer entre la fin de l’année dernière et le premier semestre 2021, elle est encore présente quand il faut expliquer cette chute prolongée.
Pékin a en effet durci ses règles antipollution et mis en place des mesures pour inciter, voire obliger les aciéries, qui utilisent le minerai de fer comme matière première, à réduire leur production. Ces dispositions du gouvernement chinois portent désormais leurs fruits puisque la production d’acier a baissé début septembre.
« Nous prévoyons une nouvelle baisse des chiffres hebdomadaires de la production chinoise d’acier, ce qui minera à nouveau les prix du minerai de fer », avance Atilla Widnell, DG de Navigate Commodities, dans des propos relayés par Bloomberg.
Conséquences pour l’Afrique
Le minerai de fer a été le produit minier le plus performant sur les marchés en 2020 et son bon début d’année a profité aux compagnies minières et aux pays producteurs, notamment en Australie et au Brésil.
Alors que l’Afrique du Sud, la Mauritanie et le Liberia, les trois principaux producteurs africains ont également tiré profit de la situation, ils devraient désormais voir baisser leurs recettes d’exportation dans ce secteur.
Par ailleurs, si la tendance se poursuit, le développement de certains projets miniers pourrait être ralenti. En Mauritanie par exemple, la Société nationale industrielle et minière compte doubler sa production annuelle d’ici 2026, mais des cours plus bas peuvent freiner ses plans.
Au Botswana, c’est la junior minière Tsodilo Resources qui sera affectée, elle qui comptait sur une hausse durable des prix pour lancer la production au projet Xaudum.
Rappelons que selon les estimations de Fitch, le minerai de fer devrait se négocier à 75 $ la tonne d’ici 2025 et tomber même à 63 $ en 2030.
Emiliano Tossou