Décembre 2018, la Mauritanie et le Sénégal d’un côté, et BP et Kosmos Energy d’un autre, ont signé la décision finale d’investissement dans le champ gazier Grand Tortu Ahmeyim, avec une enveloppe financière estimée à plus 4,5 milliards de dollars.
L’exploitation du gisement, le plus grand de son genre dans la sous-région, était prévue en 2022, avant qu’elle soit reportée à l’année suivante 2023, à cause de la propagation du Covid19.
Dès le lancement des activités de développement du projet, des débats houleux se sont lancés, sur le contenu local, plus précisément sur la participation active des acteurs privés dans les travaux, la qualification des entreprises, la formation et l’intégration de la main-d’œuvre et la mise en place d’un programme financière pour les aides et les interventions sociales.
Maintenant, après 3 ans de travaux, le développement de la première phase du projet a atteint plus de 70%, après l’achèvement de quelques chantiers, et l’avancement significatif enregistré dans d’autres. Le « first gas » de GTA est prévu en 2023, selon le calendrier actualisé récemment par les opérateurs du projet.
Les travaux dans le projet s’articulent autour de quatre principales composantes ; la construction du brise-lames qui entoure la zone du gisement, la fabrication d’un navire flottant FPSO, la fabrication d’un FLNG (l’usine flottante de liquéfaction du gaz) et finalement la composante ingénierie sous marine.
La dernière composante
La société américaine McDermott vient de lancer ses travaux, dans la dernière composante de la première phase du développement du projet, en partenariat avec la société mauritanienne SOGECO SA, comme fournisseur local de logistique, qui va sélectionner, à son tour, des entreprises locales capables d’assurer les services logistiques.
Cette dernière phase de travaux, qui sera exécutée à partir du port de Nouakchott, porte sur les activités d’ingénierie sous-marine d’extraction de gaz, par la mise en place d’un système d’ingénierie sous-marine en mode EPCI (engineering, procurement, construction and installation).
La dernière composante du développement, qui va durer 18 mois, est considérée la plus sensible du projet gazier GTA. Elle vise l’installation de plus de 120 Km de conduites sous-marines de divers calibres (SURF) qui vont, entre autres, relier les puits au FPSO, ainsi que le système sous-marin de production (SPS).
Quel rôle pour les entreprises nationales ?
La participation des entreprises nationales dans le développement du champ gazier GTA touche, jusqu’à présent, les travaux logistiques, au niveau du port de Nouakchott, ainsi que la fourniture des biens et la prestation des services du transport.
Pour cela, le rôle des entreprises nationales serait très limité dans cette composante, qui porte spécialement sur les activités d’ingénierie, tel que le système de contrôle et l’installation des conduites sous-marines.
Par conséquence, l’enveloppe globale destinée aux acteurs nationaux, dans cette phase, est estimé à 50 millions USD, (7% de l’enveloppe totale) incluant le Freight Forwarding, les opérations portuaires y afférentes ainsi que le marshalling yard qui sera dédié aux opérations au port de Nouakchott.
Objectivement parlant, je pense, néanmoins, que la réussite de ces travaux logistiques, confiées aux entreprises nationales dans cette phase, constituerait une grande réussite pour le secteur privé œuvrant dans le domaine des industries extractives.
Le respect des normes contractuelles et les critères de sécurité dans ces travaux, permettront aux acteurs nationaux de maximiser les revenus, dans les prochains projets pétroliers et gaziers.
Stratégie en retard
Malgré une expérience de 20 ans dans le domaine pétrolier, la Mauritanie attend toujours d’avoir sa stratégie de développement de contenu local pour lui permettre de mieux se préparer à tirer le maximum possible de profit d’un projet d’une telle importance.
Le Ministère du Pétrole, vient de confier le contrat de l’élaboration de cette stratégie à un groupement de bureaux d’étude, en partenariat avec les acteurs nationaux et les entreprises étrangères, qui exploitent les industries extractives en Mauritanie.
Selon les sources officielles, cette stratégie va contribuer, en premier lieu, au développement des domaines de formation et d’encadrement des entreprises et de la main-d’œuvre nationales, tout en mettant en place un système efficace, pour intégrer les acteurs nationaux dans les travaux d’exploitations des industries extractives.
Certes, la mise en place de cette stratégie, malgré le retard constaté lors de son élaboration, serait un facteur principal pour la promotion et le développement du contenu local, et permettrait aux entreprises de s’intégrer d’une manière efficace dans la deuxième et la troisième phase de développement du projets gazier GTA, ainsi que dans les autres projets gaziers à venir tels que le champ gazier BirLlah et les projets de production de l’hydrogène vert.
Mohamed Eka