Le Sénégal va livrer ses premiers barils de pétrole et mètres cubes de gaz sur le marché international à partir de début 2023 avec l’entrée en production des champs Grand Tortue Ahmeyim (gaz) qu’il partage avec la Mauritanie, et Sangomar (pétrole), avec d'importantes recettes budgétaires attendues.
Le Sénégal va rejoindre, début 2023, le cercle des pays africains producteurs et exportateurs de pétrole et de gaz, avec le démarrage de l’exploitation des champs Grand Tortue Ahmeyim (GTA), partagé avec la Mauritanie, pour le gaz et Sangomar pour le pétrole. Le pays s’apprête ainsi à engranger d’importantes ressources financières sous forme d’impôts, de taxes et de redevances.
Selon un document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (DPBEP), le Sénégal devrait engranger 888 milliards de francs CFA (environ 1,4 milliard d’euros) de recettes sur la période 2023-2025, réparties en 59 milliards FCFA en 2023, année de démarrage de la production, puis 327 milliards FCFA en 2024 et enfin 501 milliards FCFA en 2025.
Reste que ces recettes sont basées sur des hypothèses de cours du baril de pétrole et du mètre cube de gaz qui peuvent évoluer à la hausse ou à la baisse d’ici 2025. Ainsi, pour ce qui est du pétrole, les rédacteurs du DPBEP tablent sur un cours du baril à 90 dollars et un cours du mètre cube de gaz se situant à 10% du cours du Brent. Durant cette période triennale, les niveaux de cours sont susceptibles de se situer largement au-dessus ou en dessous de ces hypothèses.
Rappelons que pour ce qui est du champ GTA, dont la Mauritanie et le Sénégal partagent la production, les partenaires du projet tablent sur une production de 2,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, grâce notamment à l’exploitation de deux premiers puits.
Ensuite, avec les réalisations des phases II et III du projet, la production de gaz devrait atteindre 10 millions de mètres cubes avec l’entrée en production d’une dizaine de puits. «Les ressources probables récupérables sont estimées entre 15 et 20 TCF (trillion cubic feet), soit entre 420 et 560 milliards de mètres cubes de gaz naturel», selon le DPBEP.
Et selon les projections, l’exploitation de GTA sur au moins 20 ans devrait générer entre 80 et 90 milliards de dollars de recettes pour la Mauritanie et le Sénégal. En plus, les deux pays disposeront du gaz nécessaire pour leurs besoins domestiques, notamment pour la production d’électricité, avec la mise en place de centrales thermiques à cycle combiné gaz (CCG). Rappelons que les ressources totales de ce champ gazier sont évaluées à au moins 15 TCF (15.000 milliards de pieds cubes).
Pour ce qui est du champ Sangomar, découvert en 2014 et situé à environ 100 km au sud de la capitale sénégalaise, Dakar, il est à l’heure actuelle le second plus important gisement d’hydrocarbures découvert après celui de GTA. Sa mise en exploitation devrait démarrer avec une production de 100.000 barils par jour à partir de 2023, sachant que ses réserves sont estimées à 2,5 milliards de barils.
Selon le DPBEP, «l’exploitation du champ Sangomar permettra de récupérer près de 560 millions de barils de pétrole et 2,4 TCF (Trillion cubic feet) de gaz naturel (associé et non associé)».
Outre ces deux importants gisements, le Sénégal dispose aussi du champ de gaz naturel Yakaar-Teranga dont le début de la production est annoncé pour 2024 avec une production d’environ 20 billions de pieds cubes de gaz naturel.
L’exploitation de ce champ gazier est dédiée à l’alimentation des centrales électriques devant améliorer l’accès à l’électricité de la population.
Par Kofi Gabriel