La major BP poursuit à marche forcée la baisse de son empreinte sur le continent. Une réduction de sa participation dans le gisement gazier de Grand Tortue Ahmeyim est notamment à l’étude.
Arrivé il y a moins d’un an aux manettes de la major britannique BP, Bernard Looney a décidé de se désengager fortement en Afrique.
Outre son souhait d’abandonner toutes les zones en exploration (Sao Tomé-et-Principe, Côte d’Ivoire, Namibie, Gambie et Madagascar, Africa Intelligence du 21 octobre 20) ainsi que celles où la production pétrolière est en chute libre, comme certains blocs en Angola, Looney souhaite aller encore plus loin.
Quid de Tortue ?
Selon des sources, BP discute depuis plusieurs semaines avec des potentiels partenaires pour faire baisser sa participation dans le gisement gazier de Grand Tortue Ahmeyim, situé à la frontière maritime entre le Sénégal et la Mauritanie.
Opérateur de ce champ transfrontalier avec 60 %, aux côtés de Kosmos Energy, BP voudrait céder jusqu’à 30 %. Looney avait pourtant initialement souhaité conserver les projets gaziers d’importante dimension sur le continent (Egypte, Mauritanie, Sénégal).
Selon des cadres de BP, malgré la taille de Tortue (15/25 tcf), la rentabilité de la première phase (2,45 millions de tonnes) qui sera commercialisée en 2023 sera quasi nulle pour le groupe. C’est dans les phases 2 et 3 que des profits significatifs seront rapatriés à Londres.
Cependant, BP tente de réduire les coûts et le volume de ces deux phases qui pourraient être améliorées en termes de rentabilité.
Si la phase 1 fonctionnera grâce à la mise en place d’un FLNG (unité flottante de gaz naturel liquéfié) au niveau de la frontière, les deux phases suivantes pourraient plutôt produire grâce à des usines de liquéfaction fixes en mer (solution plus rentable et ne posant pas de difficulté politique car non positionnée à terre dans l’un des deux Etats).
Une rentabilité menacée par la politique
Kosmos Energy, premier découvreur du gaz de Tortue en 2015, avait initialement choisi la solution technique d’un FLNG pour éviter de devoir arbitrer entre les deux pays pour l’implantation de trains de liquéfaction à terre.
A l’époque, les deux présidents Macky Sall (Sénégal) et Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) avaient une relation particulièrement mauvaise. Depuis l’arrivée de Mohamed Ould Ghazouani à Nouakchott en 2019, les rapports entre les deux chefs d’Etat se sont largement pacifiés.
Source : Africa Energy