Trois orpailleurs mauritaniens qui s’étaient aventurés dans la zone tampon contrôlée par le Maroc ont péri sous les tirs, probablement d’un drone marocain, lundi 3 janvier, dans cet invisible conflit qui perdure au Sahara occidental.
Ce sont à nouveau des victimes civiles qui rappellent qu’un conflit perdure au Sahara occidental. Trois Mauritaniens sont morts sous les tirs lundi 3 janvier et quatre autres ont été blessés. Ces orpailleurs, actifs dans le nord de la Mauritanie, s’étaient aventurés dans la zone tampon du Sahara occidental.
Ils ont, selon toute vraisemblance, été victimes d’un tir de drone marocain. Depuis la reprise des hostilités à l’automne 2020 entre l’armée royale et les forces sahraouies, le Maroc a notablement renforcé son contrôle sur cette zone tampon longtemps restée une zone grise échappant à l’autorité des États.
« Le Maroc observe un silence absolu »
« Mais l’information reste très limitée, le Maroc observe un silence absolu sur tout ce qui touche aux affrontements, comme si ceux-ci n’existaient pas, y compris sur les morts marocains », relève Isaias Barrenada, professeur de relations internationales à l’université Complutense de Madrid.
Ce n’est pourtant pas la première fois qu’une telle bavure se produit. Deux orpailleurs mauritaniens avaient été blessés le 5 novembre 2021. Plusieurs incidents, au cours desquels des orpailleurs avaient essuyé des tirs, avaient été relatés durant l’hiver 2020-2021.
Le 1er novembre déjà, trois Algériens avaient également péri sous les bombardements de leur camion sur une piste traversant le territoire du Sahara occidental. L’affaire avait fait grand bruit. Alger avait promis que ce « crime ne resterait pas impuni », alors que les relations n’ont jamais été aussi exécrables entre l’Algérie et le Maroc qui ont rompu leurs relations diplomatiques.
La vieille dispute Mauritanie-Maroc
La Mauritanie, en revanche, ne fait pas grand cas officiellement de ses victimes dans son différend avec le Maroc. « Nouakchott est un acteur diplomatique faible », explique Isaias Barrenada.
Toutefois, selon lui, la Mauritanie voit d’un mauvais œil la politique du fait accompli menée par le Maroc et sa présence directe à sa frontière. « La vieille dispute n’a jamais totalement disparu, estime-t-il. Au moment de l’indépendance, le Maroc avait revendiqué la souveraineté sur la Mauritanie, qu’il considérait comme une invention coloniale, puis la Mauritanie a reconnu la République arabe sahraouie démocratique après s’être retirée en 1979 du conflit au Sahara occidental. »
Soucieuse de cette zone de tension à ses portes, la Mauritanie a installé trois radars de surveillance à Zouerate, ainsi qu’un centre de commandement et de surveillance, près de la frontière avec le Sahara occidental, fin novembre, à des fins de surveillance du trafic aérien et terrestre et de préservation de l’intégrité territoriale du pays, avait alors fait valoir le ministre de la défense, Hanena Sidi.
Marie Verdier,